"Seul celui qui en esprit a achevé l'inachevé peut découvrir la véritable beauté."

Okakura Kakuzo, "Le Livre du thé"

Selon les Japonais, de l'asymétrique, de l'imparfait et de l'inachevé naissent la beauté authentique. Ainsi, notre architecture par trop symétrique (il y a désormais de plus en plus d'exceptions...) ne les séduit pas, pas plus que nos portraits "plein cadre" à la gloire de quiconque, soit-il empereur comme simple citoyen. Pour eux, on doit au contraire représenter l'homme à sa grandeur véritable, celui-ci doit s'effacer devant la majesté de la nature, s'y fondre en toute humilité, et n'occuper en aucun cas le premier plan. Le sujet principal demeure la Nature.

Sciemment inachevée, une oeuvre d'art, quelle qu'elle soit, interpelle celui qui l'observe et l'invite à y participer en y introduisant sa propre vision, et l'achevant pour ainsi dire lui-même dans son esprit. Selon les Japonais, c'est donc dans cette participation fictive - et différente d'un individu à l'autre - que se trouve la beauté véritable, beauté que chacun construira dans une approche plus profonde que celle qui nous est familière en Occident, une vision située au delà des mots, en communion intime avec l'oeuvre et l'artiste.

Suggérer plutôt que montrer avec éclat.

"La beauté réside dans l'oeil de celui qui regarde."

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Paysage des quatre saisons par Tenshō Shūbun (15° siècle)

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